COMME UNE FLEUR

9.21.2021

Comme une fleur

La fleur ne saura pousser sans eau, sans sol fertile et sans la chaleur du soleil. Alors que le Tchad se bute constamment à un mur dans ses luttes politiques, sociales, ou autres, force est de constater qu’il manque peut-être certains éléments importants au succès du projet.

La mobilisation

À la fin de son dernier mandat présidentiel, Barack Obama a lancé The Obama Foundation, jugeant que la manière la plus efficace de servir et de poursuivre le travail était d’inspirer d’autres à le faire. Et de les accompagner dans le processus. C’est le célèbre proverbe africain qui disait: « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Dans un pays où chaque divergence de point de vue entraîne la création d’un nouveau parti politique ou d’une nouvelle association, la question se pose. Avoir une vision, un logo, un slogan et un site web est assez facile; mais convaincre 10 personnes de se consacrer à cette même vision, au quotidien, et à long terme...voilà le travail de toute une vie. Cependant, malgré l’ampleur de la tâche, n’est-ce pas la seule façon d’assurer la pérennité d’une idée dans le temps? Le dilemme se pose. Réussir aujourd’hui, avoir raison maintenant? Ou gagner lentement mais sûrement la confiance de ceux qui feront vivre le projet dans 10, 20 ou 50 ans? Mettre la notion d’héritage avant celle du succès; voilà le pari du long terme qui différencie les monuments des célébrités passagères.

L’exécution

Des idées, des projets, et même des révolutions nécessitent 2 groupes clés pour être menés à terme. Ces deux groupes sont d’ailleurs d’importance égale pour la réussite finale du projet. D’un côté, “ceux qui inspirent”. Ceux-ci sont les innovateurs, les penseurs, qui peuvent proposer de nouvelles idées, les expliquer sur la place publique et inspirer la masse. Ils tiennent des discours; ils partagent leur vision sur des tribunes comme celle-ci, et ils argumentent pour justifier leur position. À tort ou à raison, ils ont toujours LA solution. Mais de l’autre côté, et également essentiels, se trouvent "ceux qui exécutent”. Ce sont eux qui agissent. Ils savent transformer les idées abstraites en réalité concrète. Excellents techniciens, rationnels, minutieux, ils peuvent élaborer un plan clair et précis et le suivre à la lettre, pas à pas, au jour le jour. Où est ce deuxième groupe au Tchad? Est-il absent? A-t-il simplement besoin d’être inspiré? Ou n’est-il pas valorisé? Comme ceux qui se disent “intellectuels, si nombreux au Tchad, les bonnes idées ne manquent point. Mais ceux-ci seront toujours freinés par leur incapacité à recruter des soldats fidèles dans leur armée. À l’époque des médias sociaux, on peut comprendre que chacun veut sa minute de gloire, mais combien de bonnes idées sont mortes à l’étape de l’exécution?

La confiance

Peut-on aller de l’avant sans la confiance? La confiance envers l’autre, la confiance envers ses dirigeants? Les divers régimes politiques, jusqu’à ce jour, ont entretenu un climat de méfiance. L’anticipation de la trahison et la nécessité de mettre des mécanismes en place pour la minimiser, fait maintenant partie, avec raison, de l’ADN tchadienne. La peur constante d’être dénoncé, enregistré, exposé, est peut-être le plus grand frein à l’épanouissement de cette société. Et le blâme repose ici sur ceux qui dirigent, mais qui oublient constamment leur obligation d’être avant tout un “leader”. C’est l’auteur célèbre Simon Sinek qui l’a si bien expliqué dans son best-seller: “Les vrais leaders se servent en dernier”. Il y explique que “ Les vrais leaders, même en temps de crise, sont capables d'inspirer confiance, coopération et changement. Et si l'environnement de travail est sécurisant, si le leader inspire l'exemplarité, les salariés sont capables de choses remarquables, ils rassemblent leurs forces et mettent leur énergie à combattre les dangers extérieurs (concurrence) et à saisir les opportunités. Si par contre la confiance dans les leaders et l'entreprise est entamée, si les salariés sont inquiets, ils passent leur temps à devoir se protéger les uns des autres et l'organisation s'affaiblit implicitement.” Il faut comprendre ici que l’énergie dépensée à se protéger de l’autre, d’abus mental, physique, financier ou autre, prive ce pays d’une immense part de son potentiel humain, alors qu’il n’en a pas les moyens. Et comme Sinek l’explique: “ils ont compris que pour gagner la confiance des gens, les leaders d’une organisation devaient d’abord les traiter avec humanité. Pour gagner la confiance, il faut faire confiance”.  Et c’est ainsi que les vrais leaders du Tchad, qu’ils soient politiques ou autres, doivent donner l’exemple en prenant le risque de faire confiance en premier. Comment? Donner la parole à celui qui nous combat.Écouter le point de vue de notre ennemi. Donner l’emploi à celui qui pourrait nous trahir. Partager l’information avec celui qui pourrait en abuser. Redonner une chance à celui qui nous a trahi. Admettre son erreur même si l’on sera blâmé.Donner le pouvoir à ceux qui pourraient nous remplacer.

Qui au Tchad, en ce jour de la paix, aura le courage de tendre la main en premier?

Éditorial
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